"Manip" manchots Adélie
Parlons un petit peu du manchot
Adélie.
En Terre Adélie, on trouve 2 espèces de
manchots bien distinctes l’une de l’autre.
Il y a l’Empereur que vous connaissez tous et
puis l’Adélie.
L'Adélie est un petit manchot d’une
taille moyenne de 40 cm à l’âge adulte et très caractériel. Il a
deux couleurs dominantes le noir et le blanc. Couleurs lui permettant
de se protéger de ses prédateurs. C’est un animal sociable qui
vit en colonie et nous avons plusieurs
colonies sur la base.
Quand je suis arrivé à DDU, il y a un mois
maintenant, je me rappelle de tous ces petits poussins
blottis aux pieds de leur parents. C’était la saison des
naissances.
Aujourd’hui ces poussins sont devenus grands,
le duvet s’envole et on les voit se transformer progressivement en
adultes.
Delphine, une des deux ornithologues de la
base, doit répertorier tous ces nouveaux individus avant leur
départ. Après la saison de reproduction durant l’été austral,
ils migreront le mois prochain dans la zone circum polaire, fuyant le
redoutable hiver Antarctique qui arrive.
Cette année nous avons eu la débâcle. La
banquise s’est fragmentée, dispersée et l’eau libre de l’océan
Austral est à nouveau accessible depuis la base. Et ça change tout
car pour un manchot l’ océan est vital, il y trouve de quoi se
nourrir et de quoi nourrir sa progéniture.
L’année dernière la banquise était si
étendue que les manchots devaient parcourir une distance monstrueuse
de 80km pour pouvoir l’atteindre.
Imaginez le temps qu’il fallait pour
parcourir cette distance aller/retour le ventre vide. Tellement de
temps que les poussins en attente de leurs parents finissaient par
mourir de faim et de froid.
En sachant que pour un manchot, marcher est un
enfer, car il vit la plupart du temps dans l’eau et ne se rend sur
terre que pour s’y reproduire.
Nous avons ces dernières années, suite à
plusieurs non débâcle, pu constater l’étendue des dégâts; tout
juste 2 survivants en 2017 et un triste 0 en 2014…Mais en 2018 il
semblerait qu’ils soient beaucoup plus nombreux grâce à cette
débâcle bienvenue.
(Un autre article sera prochainement consacré
entièrement à ce phénomène de débâcle)
Voilà donc le travail de recensement des
nouveaux nés que Delphine doit réaliser. L’étude est effectuée
tous les ans sur une colonie particulière. Cette colonie est appelée
« Antavia».
Chaque année les Adélie reviennent au même
endroit dans la même colonie.
Ce travail est impossible à réaliser seule,
il y a plusieurs centaines de nouveaux individus.
En conséquent Delphine fait appel tous
les jours à des volontaires pour l'aider dans sa manip.
Je me suis donc porté volontaire sur plusieurs
sessions.
Avant de partir sur le terrain il faut bien
entendu s’équiper chaudement, les températures ne sont pas encore
très basses pour l’instant mais le vent lui est glacial. On enfile
en plus une combi ornitho pour ne pas tâcher nos beaux vêtements.
Nous sommes en général 5 personnes par manip
et chacun à sa fonction bien précise.
Corentin s'occupe d'attraper les manchots,
Sophie s'occupe de prendre les notes, moi à maintenir le manchot
pendant que Delphine et Pierrick réalisent leurs opérations.
Une fois que Corentin a attrapé un Adélie à
l’aide d’un file monté en nœud coulant au bout d'une perche, je
le récupère dans mes bras et les opérations débutent.
On lui place une cagoule sur la tête
permettant d’abaisser le stress de l’animal.
Delphine commence par vérifier si le manchot
n'a pas déjà de puce électronique grâce à un détecteur de
puces.
Si ce n'est pas le cas, elle effectue ce qu'on
appelle un transpondage. On injecte alors une petite puce
électronique minuscule dans une zone insensible, un peu comme
notre peau du coude. Ça peut paraître un peu
barbare comme ça, mais rassurez vous, le manchot ne sent
pratiquement rien.
On prélève entre 5 et 10 plumes. Elles
serviront à obtenir des informations sur son ADN.
Ensuite on mesure le bec en 3 fois, de même
pour les 2 ailerons.
Sophie tend l'oreille et prend note de tout ce
qui est fait dans le froid et le vent.
On effectue la mesure de la masse du manchot en
le plaçant dans un petit sac que l’on accroche à un peson. En
général la masse varie entre 2 et 4kg.
Vient ensuite la prise de sang. Elle se fait
sur l’une des pattes du manchot. L’objectif est de récolter si
possible 2ml de sang. Le sang contient beaucoup d’informations. Il
permettra par exemple plus tard d’en déterminer le sexe.
Et voilà, les opérations sont terminées,
nous pouvons donc le relâcher.
On continue ainsi pour tous les autres
individus non répertoriés. Grâce à ces puces nos successeurs pour
les années suivantes seront en mesure de pouvoir identifier chaque
individus de la colonie.
Le suivi de l’espèce se poursuit donc
d’années en années.
De retour au labo, Delphine conditionne tous
les échantillons récoltés. Certains partent directement en labo en
métropole, d'autres sont traités, notamment pour les échantillons
de sang. Elle sépare sur place le plasma des globules, puis elle les
placent en conditionnement pour envoi.
Pour conclure sur ma première manip manchots,
et bien, ça sent vraiment fort le manchot, mais qu’est-ce qu’ils
sont mignons ! Ils sont tout doux, de vraies peluches ces petits
"poupous". Les adultes sont en revanche souvent agressifs,
bruyants mais très marrants dans leur manière de faire les choses.
Pour le moment, pas possible de vous dire le
nombre de nouveaux poussins, mais ce qui est certain c’est qu’il
n’y en aura pas 0 cette année et ça c’est génial !
Manip à renouveler dès que possible !
Quelques photos en basse résolution ;)
Capture d'un manchot |
Préparation du "transpondage" |
Vérification présence de la puce électronique |
Mesures : Bec puis ailerons |
Je note les mesures et actions effectuées |
Mesure du poids |
Prise de sang |
Fin de la première opération, tout est ok ! |
Préparation du matériel pour le prochain poussin |
Colonie Antavia en fin de période |
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