Les plongeurs de DDU

Aujourd'hui je suis deux plongeurs, Pierre CHEVALDONNÉ et Stéphane
HOURDEZ qui partent plonger dans les eaux Antarctiques.
Ce sont deux campagnards d'été arrivés en même temps que moi. Ils repartent bientôt avec R3, la troisième rotation de l'Astrolabe.
J'ai donc pris un peu de temps pour voir ce qu'ils faisaient ici en Terre Adélie.
Après être venus en 2015 pour une récolte d' échantillons d'organismes marins qu'ils ont perdus par la suite à cause d'un mauvais conditionnement durant le transport vers la France, ils reviennent cette année pour refaire la manip.

Plonger dans ces eaux parmi les plus glaciales de la planète demande d'avoir une certaine expérience dans le domaine. 
L'eau de mer est ici aux alentours de -1,8°C (l'eau salée reste à l'état liquide jusqu’à cette température) et il faut donc s'équiper lourdement pour lutter contre le froid.
Les combinaisons sont très épaisses, difficile de faire des mouvements aisés lorsqu'on les portent.
Les gants semi étanches eux non plus ne facilitent pas les mouvements. On rajoute évidemment les lourdes bouteilles d'oxygène et une ceinture de plomb de 16 à 17kg.

Se préparer est une épreuve, Pierre et Stéphane répéterons: "le plus dur dans la plongée ici c'est de s'équiper, on est déjà essoufflé avant même de plonger."
Mais une fois dans l'eau c'est la délivrance, ils sont libres de leurs gestes.

Jérôme, un autre plongeur et ses 3800 plongées à son actif reste à la surface pour la sécurité de Pierre et Stéphane lorsqu'ils sont l'eau.
 
Un léopard de mer avait été repéré depuis plusieurs jours près de la base ce qui manifestement a un peu calmé l'envie à nos 2 plongeurs de plonger! Mais aujourd'hui pas de manifestations de celui-ci. De plus les conditions météo sont bonnes. La plongée peut débuter.

Après 1h sous l'eau, ils remontent à la surface avec l'équivalent d'une glacière pleine d'échantillons. Une très belle récolte.

Vient ensuite après la plongée, la phase de tri de la récolte. Pour se faire on place le tout dans un aquarium rempli d'eau de mer à -1,8°C pour ne pas perturber les organismes. Ensuite le triage peut débuter, 4h de tri ont été nécessaires aujourd'hui!

Certains échantillons seront envoyés en labo en France, d'autres sont soumis à des tests directement sur place. Un des tests consiste à voir la capacité d'adaptation des organismes Antarctiques face à une augmentation de la températures de l'océan en vu du changement climatique. On monte alors jour
après jour la température de l'eau par pas de 1°C dans des bacs, -1,+0,+1 etc... Très vite on voit que ces organismes meurent dès la moindre variation de température.

Je ne vais pas rentrer dans les détails mais les zones d'études sont ensuite larges.
D'autres tests seront réalisés dans des laboratoires en métropole dans les prochains mois, prochaines années.

Avec ces plongées on trouve encore de nouvelles espèces encore inconnues à ce jour.
Et oui nous ne connaissons pas encore tout sur les océans !

Quelques jours après, nous aussi nous avons plongé et sans combis pour le coup!
Chaque année c'est ce qu'on appelle DDU plage. C'est l'été en ce moment en Terre Adélie et nous en avons profité pour faire le traditionnel plongeon dans la mer en contre bas de la base pour les nouveaux arrivants.

Avant de plonger psychologiquement on a du mal à se faire une idée de l'effet d'une eau inférieure à 0°C sur le corps.
A -1,8°C on ne tient pas bien longtemps, quelques dizaines de secondes en général. Pour ma part 15 secondes. Il m'aura fallu une bonne dizaine de minutes avant de récupérer l'usage de mes doigts !
Évidemment l'absence de vent aura permis de le faire.


Je l'ai fait une fois mais ne le referai peut être pas une deuxième...


Préparation




Fin de plongée

Phase de tri

Les bêbêtes de l'Antarctique


Échantillons récoltés


Bacs avec variateurs de température de l'eau.

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